Dimanche 9 janvier 2022, la France, endormie depuis 2 ans dans sa léthargie sanitaire, frissonne après le passage télévisuel du chanteur Stromae et de sa chanson L’Enfer, qui traite de la dépression et des pensées suicidaires, dont il a souffert après plusieurs problèmes de santé, dont un burn-out.
Si certains esprits chagrins y voient une opération de communication opportuniste, il n’en demeure pas moins que son intervention met un coup de projecteur sur la santé mentale, insuffisamment considérée, bien que très courante.
En France, avant la pandémie, le syndrome d’épuisement professionnel touchait 5 à 10% de la population française, ce qui représentait déjà un nombre considérable de travailleurs.
Mais la crise sanitaire, avec son lot de confinements et de télétravail, ajoutés à la pression sur la productivité ou la simple survie économique, est venue largement amplifier ce phénomène, qui n’en est même qu’à ses prémices.
Nul doute que les mois à venir vont marquer l’explosion de la souffrance mentale dans le monde du travail.
Il est donc très urgent que le gouvernement français se saisisse de ce sujet et prenne des dispositions pour une meilleure prise en charge, à la fois dans la prévention puis dans l’accompagnement des travailleurs malades.
Or, bien que la question soit régulièrement débattue devant l’Assemblée nationale, le burn-out ne figure aujourd’hui dans aucun des tableaux des maladies professionnelles.
En outre, depuis le 1er janvier 2022, et l’entrée en vigueur de la nouvelle classification internationale des maladies (CIM-11), le burn-out n’est pas répertorié comme maladie professionnelle mais comme un phénomène lié au travail. La principale raison de cette exclusion repose sur la subjectivité de l’expérience. En effet, si ce syndrome est indiscutablement lié à la situation de travail, d’autres facteurs plus personnels entrent également en jeu : selon leur personnalité ou leur environnement social et familial, deux travailleurs placés dans une situation professionnelle identique ne présenteront pas le même risque de développer un syndrome d’épuisement professionnel.
Pendant ce temps, que ce soit par une surcharge de travail (burn-out), par une sous-charge avec ennui chronique (bore-out) ou encore par une perte de sens du travail (brown-out), les travailleurs continuent de s’épuiser dans la sphère professionnelle.
Comme le chantait déjà Henri Salvador en 1965 avec son titre provocateur « le travail c’est la santé », les conditions de travail peuvent nuire à la santé, voire tuer.
Il est temps d’agir.
Merci Maestro de l’avoir rappelé.